Patrimoine
L’église de Frontenac a été bâtie sur les ruines d’un ancien temple romain. En 2005, des fouilles ont permis la découverte de sarcophages datant du IXème siècle ; ils sont exposés dans le petit square Yvette Frontenac. Par ailleurs, en mai 2007, lors du creusement d’une piscine dans le jardin de l’ancien presbytère qui jouxte l’église, des vestiges ont été découverts avec en particulier une quinzaine de sépultures, de nombreux ossements, un sarcophage et les assises d’un lieu de culte d’époque moyenâgeuse, voire de l’Antiquité tardive. Les propriétaires ont été contraints de modifier la géométrie de leur piscine pour l’adapter au site.
La construction de l’église actuelle date des années 1850
Le clocher a été restauré en 2006.
L’intérieur conserve quelques éléments de valeur :
- deux tableaux datés du 17ème siècle (« L’annonce faite à Marie » et « Jésus sur la croix ») qui sont classés à l’inventaire des Monuments Historiques. Ces deux tableaux ainsi qu’un troisième (« L’assomption de Marie ») ont été restaurés en 2013, grâce à l’aide financière de l’État, de la région et du département ;
- Quatorze tableaux du Chemin de Croix, en plâtre modelé et polychrome d’une très belle facture du 18ème siècle. Ils ont été restaurés en 2013-2014 par le maire de l’époque, Christian Galy.
- dans la chapelle de gauche, les arcs-boutants de voûte reposent sur des écussons sur lesquels sont gravés en relief :
- un té (Tau), symbole bénédictin
- deux mains tenant un écusson gravé d’un té en relief
- une figurine élargissant sa bouche avec les doigts, dont la signification laisse perplexes nombre d’historiens.
L’église est dédiée à Saint Jean-Baptiste.
Murettes de pierres
A flanc de causse, au-dessus de la route du Mas de Graves subsistent des murettes de pierre, vestiges du temps où l’on cultivait la vigne sur les pentes ensoleillées de Frontenac. Ces murettes s’étagent en terrasse, et laissent apparaître des abris concaves dans lesquels les viticulteurs rangeaient leurs outils. La crise du phylloxéra a eu raison du vignoble de Frontenac (comme de celui de tout le Quercy) au début du XXème siècle.
Fours à pain
Autrefois, il n’y avait pas de boulanger à Frontenac et chaque ferme possédait son four pour y faire le pain pour la maisonnée. On retrouve donc des fours à pain dans les propriétés de nombreux particuliers: P. Ricard, den Heeten, Farrugia, Mergoil …
Dans certains quartiers du village, il existait des fours communs qui servait à tout le voisinage. On retrouve ainsi des fours au statut de « bien non divisible », en particulier sur le bord sud de la place du Mas de Latga, ou celui du Mas de Gaubert, à une vingtaine de mètres de la route, en prenant la venelle au niveau du 648, route du Mas de Graves.
Caselles
Les caselles sont des constructions en pierre de forme circulaire et servant d’abri pour les animaux ou les bergers, ou de rangement pour les outils dans les pâtures du causse. Il existe une caselle remarquable à Frontenac, celle érigée sur la propriété de M. Wills au 660, route du Mas de Graves. Elle est en très bon état et sa particularité vient du fait qu’elle a été construite sur 3 étages :
- un rez-de-chaussée comprenant une souillarde. L’ accès se fait par une venelle, et sur les montants de la porte, on peut voir sur la pierre les traces laissées par l’aiguisage des faux ;
- un étage d’habitation où l’on accède par un escalier en pierre ;
- un grenier où l’on monte de l’intérieur par une échelle de meunier.
Pigeonnier
L’édifice situé en contrebas de l’église paroissiale est l’élément le plus emblématique du patrimoine vernaculaire de Frontenac. Selon une monographie écrite pour l’inventaire de l’architecture médiévale du Lot (Gilles Séraphin, avril 2007), cette tour daterait du XIVème siècle et aurait été, dès l’origine, affectée à un usage domestique ou agricole.
S’il est appelé pigeonnier, garde-pile ou grenier à grains, c’est qu’il répondait à plusieurs fonctions :
- celle de réserve de céréale, pour abriter le grain récolté dans la vallée. L’intérieur comprend deux arques à blé ;
- celle de pigeonnier, mais contrairement aux pigeonniers classiques, il n’y a pas d’ouvertures sur les façades latérales. Les pigeons entraient par la cheminée centrale. A l’intérieur, des demi-paniers en osier leur servaient de niches.
Sa particularité vient du fait que sa structure à la base est carrée alors que le toit est de forme circulaire. La transition entre structures carrée et circulaire se fait par 4 logettes gothiques (des trompes) situées dans les angles. Une corniche plate située environ 1 mètre sous le rebord du toit permettait d’empêcher les rongeurs d’accéder à la réserve de grains. La tour s’ouvre au rez-de-chaussée par une porte cintrée, dont l’arc sert actuellement de décharge à un linteau rapporté au XIXème siècle. A l’intérieur, l’unique étage où l’on stockait le grain reposait sur un plancher aujourd’hui effondré. La coupole semi-sphérique est composée de tuf local. Enfin, le lanternon sommital est constitué d’une meule de moulin.
Plaques de rues
Lors de la refonte du système d’adressage de la commune en 2018, la réalisation des plaques de rues a été confiée à une artiste de la région : Sylvie Piaud qui a un atelier de potière-céramiste à Assier.
Notre commune s’enorgueillit d’avoir parmi ses enfants une poétesse et romancière reconnue.
Née Yvette Pélissié le 25 janvier 1925 à Frontenac de parents simples métayers, elle est l’aînée d’une fratrie de 5 enfants. Elle a passé son enfance à la ferme à Frontenac et à Espeyroux dans le Ségala. Yvette est une élève brillante à l’école communale : elle obtient à 12 ans son Certificat d’Études, mais elle ne peut entrer à l’École Normale comme le souhaitait son instituteur, car son père a besoin d’elle pour l’aider aux travaux des champs. De cette frustration de ne pouvoir poursuivre ses études, elle développe un goût exacerbé pour la littérature et la lecture. Elle en restera toute sa vie une lectrice passionnée, dévorant des quantités de romans, de biographies de grands hommes et de revues d’histoire.
A 15 ans, Yvette écrit son premier poème « La Légende de Frontenac ». En 1943, pendant la guerre, elle se marie à Edmond Durand, radio dans la Marine Nationale dont elle aura 3 enfants. Alors que le couple a déménagé en Sologne entre 1951 et 1956, Yvette a la nostalgie du Lot. Elle comble sa solitude en se lançant dans l’écriture de poèmes. Elle y chante la nostalgie du pays natal, les chemins, les sources et les paysans du village. Beaucoup de ces poèmes ont été publiés séparément dans des périodiques des années 50 ou 60 comme « Les bonnes soirées » ou « Veillées des Chaumières » ou dans des bulletins de sociétés poétiques qui lui valurent de modestes prix.
De retour dans le Lot, elle s’attache à écrire des romans qui ont pour cadre les lieux qu’elle connaît le mieux, Frontenac, Faycelles, Figeac, ce monde rural dont elle est issue et qu’elle magnifie avec talent. Prenant comme pseudonyme d’écrivain le nom de son village natal, elle franchit le pas de se faire publier en 1990 quand une maison d’édition de Cahors accepte son manuscrit des « Années Châtaignes », roman autobiographique qui obtient en 1993 le Premier Prix de l’Académie du Languedoc. Dès lors commence pour Yvette une vie frénétique organisée par un éditeur exigeant : production d’un roman par an, présence dans les Salons du Livre qui permettent des rencontres avec d’autres auteurs, interviews pour la presse ou la radio, séances de dédicaces chez les libraires, animations dans les écoles ou collèges, bref une vie intense et enrichissante, mais qui, à la longue, va la fatiguer.
Yvette Frontenac s’éteint le 23 novembre 1998. Son mari Edmond lui survivra 7 années. Ils reposent tous deux dans le petit cimetière de Frontenac.
Toute sa vie, Yvette Frontenac est restée fidèle à ses racines campagnardes. Le Lot, et particulièrement le village de Frontenac constituent le fil conducteur de son œuvre littéraire. Les lieux et les maisons décrits dans ses romans existent toujours. Dans un style vif et alerte, toujours empreint d’une grande poésie, elle a campé des personnages attachants, décrits avec finesse et parfois truculence (l’épicier ambulant, Valérien le journalier de La Soupe des autres, Populo des Couronnes ...). Elle nous a légué une œuvre qui se révèle une extraordinaire peinture de la vie paysanne de notre région pendant la période de l’entre-deux-guerres, comme une sorte de « comédie humaine paysanne ». Elle a restitué avec talent l’authenticité de notre terroir, et le quotidien d’un monde aujourd’hui disparu, avec ses rites et ses coutumes, les travaux agricoles rythmés par les saisons, les valeurs d’une classe laborieuse pauvre sans être misérable, la place de l’instituteur et de la religion dans les campagnes, les relations sociales au sein du village.
La commune a donné son nom au square qui jouxte l’église, ainsi qu’à la rue dans laquelle elle a habité.